samedi 22 janvier 2011

L'antre de la caverne du paranormal mystique et des ondes cosmotellurique ...

Cet article est tiré de mon dernier blog. Je l'ai écrit il y a environ un an, suite à une visite dans une boutique ésotérique qui s'était terminée en gros coup de gueule.
Je suis toujours d'accord avec son convenu, et j'ai donc décidé de le mettre ici.


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« Bienvenu dans le monde de l’ésotérisme ami lecteur, un monde où ce qui a vraiment de l’importance, c’est le spirituel, le métaphysique, le mystique, la communication avec le monde par des voies qui dépassent l’entendement… »
Ca sonne bien dit comme ça, non ?

Et bien oui, ça sonne très bien, mais non, ça ne reflète pas vraiment la réalité du phénomène.
Quand on commence à trainer dans l’occulte, malgré des velléités spirituelles très nobles à la base, on finit tous, un jour ou l’autre, par pénétrer dans ce que je serais tentée d’appeler « antre du diable », si je n’avais pas peur des connotations hasardeuses : une boutique ésotérique.

Bon, j’avouerai qu’aujourd’hui, j’ai la flemme de me lancer dans une diatribe sur la société de consommation et ses dérives. Oui, j’ai la flemme, et au fond de moi, je suis une bonne petite consommatrice comme tout le monde, ça serait l’hôpital qui se fout de la charité si je la ramenais sur ce point. Et de toute façon, là n’est pas le sujet de cet article.

Je ne m’attarderai pas non plus, en tout cas pas tout de suite, sur le fait que l’ésotérisme, c’est quand même un passe temps de riches : le moindre bouquin, le moindre rituel qui recommande expressément l’usage  de 15 bougies et de 3 sortes d’encens, sans parler du matériel de base, et c’est fini, vous êtes dans le rouge Messieurs Dames, c’est magique (si j’ose dire) !
(Ne préparez pas le bûcher tout de suite, je SAIS bien que la magie n’est pas entièrement conditionnée par le matériel qu’on utilise, mais en exagérant un tout petit peu, je ne suis pas si loin que ça de la réalité).

Bref,  sans savoir exactement pourquoi, on finit un beau jour par se retrouver dans une boutique ésotérique à la recherche de pierres, de parchemin, d’un tarot (rayez les mentions inutiles).
Et bien moi, j’ai horreur de ce moment là. Ce moment fatidique où j’entre dans la boutique, où il règne tout à coup une odeur atroce d’encens vaguement indien, où des dizaines de grelots ridicules tintent dès que je pousse la porte et où je me retrouve nez à nez à une vendeuse pas aimable qui s’y connaît  autant en magie que le Dalaï Lama en tapisserie hongroise du XIVe siècle.

Ce n’est pas facile d’être quelqu’un de rationnel et d’assumer le fait de s’intéresser à l’occulte. Ca demande du temps, de la patience, de la réflexion. Il faut se répéter sans cesse que non, on n’est pas fou, que oui, il peut il y avoir un fondement intellectuel derrière tout ça, que non, on n’est pas un petit être crédule impressionnable qui prend ses rêves pour des réalités. Et bien moi, quand j’entre dans une boutique ésotérique, j’ai l’impression que tout ce travail de légitimation que j’effectue sans cesse pour ne pas me mépriser totalement  part en fumée en moins de deux minutes.

Personnellement, les titres des livres disponibles me donnent souvent envie de m’enfuir en courant :
  • « Communiquez avec votre ange gardien » (C’est tellement ridicule cette histoire d’ange gardien, tellement peu crédible… j’y reviendrai)
  • « La magie des philtres d’amour » (Fuyez, fuyez tous !)
  • « Le bonheur en 10 leçons grâce au Bouddhisme » (On se demande ce que Bouddha peut bien foutre là, et ce qu’il a bien pu faire pour mériter de voir tous ses enseignements se faire aussi honteusement édulcorer à la sauce New Age)

J’en passe et des meilleurs : 95% des livres qu’on trouve dans ces boutiques ne sont que des pathétiques ramassis de conneries à l’usage de gens crédules et mal dans leurs peaux. Des bouquins n’ayant aucune crédibilité et aucun fondement, si ce n’est l’appât du gain.
Et je ne parle même pas des bibelots pseudo magiques vendus à un prix exorbitants alors qu’on sait très bien qu’ils ont été produits à la chaine par des petits indiens sous payés…

Gloups. On ferme les yeux, on respire un grand coup, et on se dépêche de trouver ce pourquoi on n’est venu (à condition qu’à ce stade, on n’ait pas tout simplement oublié les raisons qui nous avait poussé à venir et qu’on ne soit pas déjà parti s’auto-flageller en criant « j’arrête ces conneries d’ésotérisme, je ne lirai plus que du Pascal et du Descartes jusqu’à la fin des mes jours ».)
Donc, on se hâte, on demande vite à la vendeuse (ou au vendeur) ce qu’il nous faut.

La vendeuse, elle a souvent un air de bouledogue léthargique (ce qui est dur pour la race canine), elle est aimable comme une porte de prison, et enfin, elle n’y connaît strictement rien, mais fait comme si (parce que ça l’fait trop). Quand tu lui poses une question, elle te toise du haut de son savoir incommensurable (on la lui fait pas à elle, le voisin de sa cousine est un authentique sorcier/rebouteux/radiesthésiste, alors elle s’y connaît !), et dans sa grande mansuétude, elle accepte de te répondre pour te montrer à quel point tu n’y connais rien (ps : vile bouse).

Exemple issu de mon expérience personnelle (ça s’est passé hier, et ça m’a suffisamment remontée pour me pousser à écrire cet article) : j’entre dans un magasin de pierres pour trouver une Pyrite dont j’aimerais faire cadeau à un ami. Je n’y connais pas grand-chose en lithothérapie, mais je me suis renseignée avant de venir : c’est LA pierre que je veux. Mais, parce que j’ai conscience de ne pas avoir la science infuse, je demande à la vendeuse quelques informations supplémentaires. Cette espèce de harpie me regarde avec un air las, soupir pour me faire comprendre que cette conversation la gonfle déjà, n’écoute de toute façon pas ce que j’ai à dire et finit par me couper :

- C’est pour vous ?
- Non pour un ami.
- Ah bon ! C’est quoi son signe astrologique ?
- Euh Sagittaire, mais quel est le rapport ?
- Ah mais je ne suis pas sure que ça convienne hein, attendez… Bon visualisez le un peu, que je capte ses vibrations et que je vous dise ce dont il a besoin. (Je m’exécute, curieuse de savoir ce qu’elle va répondre. La vendeuse regarde vaguement les étagères, avec un air de « hum, qu’est-ce que je vais bien pouvoir manger ce soir », et en prend une au hasard.) Oui, moi je pense que c’est celle là qui lui irait le mieux !

- Une Rodhonite ?! (pierre qui n’a juste rien à voir avec ce que je recherche)
- Oui oui, tout à fait.
- Mais je ne suis pas sure que ce soit exactement ce qui lui correspondrait le mieux…
- Vous non, mais moi je sais. Votre ami, il est pas du tout comme vous, et vous ne pouvez pas le savoir. (Nan, t’as raison connasse, c’est juste un tout petit peu mon meilleur ami, mais je dois avoir si peu d’empathie que toi, en 10 seconde de « captage d’ondes magique », tu l’as immédiatement cerné…).
- Ah bon.
- Vous, vous êtes totalement différente.
- Ah oui ? Je suis plutôt comment moi ?
- Plutôt comme Saint Thomas.

Voici ce que j’aurais dû répondre :
« Madame, vous êtes grotesque. Votre numéro de grande initiée aux mystères de la vie est peut être efficace sur les pauvres gens qui pensent trouver soulagement et connaissance en écoutant votre baratin, mais entre nous, il ne tient pas la route. Votre amateurisme est flagrant, et c’est à cause de gens comme vous que la majorité des gens considère que l’ésotérisme est une sous-discipline, un attrape nigaud dénué de toute crédibilité. »

On pourrait croire que je généralise, mais toutes les fois où je suis entrée dans l’une de ces boutiques, j’en suis ressortie en ayant le sentiment d’avoir été prise pour une conne, et de m’être fait avoir (du genre en payant 5€ un bout de parchemin végétal 5cm/5cm qui ressemble furieusement à bout de Bristol jaunit, dans une autre boutique).

En attendant de tomber sur une vraie boutique ésotérique, spécialisée et ayant un minimum de sérieux, j’ai pris une nouvelle résolution : la prochaine fois, j’achèterai sur Internet. C’est moins cher (20€ pour un tarot au lieu de 50€), personne n’essayera de me refourguer sa came en se targuant d’être infiniment supérieur à moi en matière d’ésotérisme, et j’éviterai la crise de nerfs.

Mythe et raison

En ce moment, je patauge gaiment dans les révisions, les examens et autres joyeusetés. Entre deux cocktails guronsan/café, j'ai trouvé le moment d'écrire cette petite réflexion au sujet du mythe. Vive moi.
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Bon j'avoue tout, cet article est très largement inspiré de mon cours d'histoire de la philosophie ancienne et d'un ouvrage de Lambros Couloubaritsis traitant du même sujet.
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Amis néo-païens, avouez-le, n'avez vous jamais éprouvé un micro poil d’embarras à l'idée de vouer un culte à des divinités vieilles de 2500 ans, reléguées il y a belle lurette aux livres d'histoire de l'art et au recueils de mythes et légendes ?
Évidemment, votre esprit cartésien a bien fait son travail de rationalisation : les mythes ne sont pas à prendre au pied de la lettre, ce sont les symboles qu'ils véhiculent que vous intégrez à votre pratique. Il n'empêche, le mythe à mauvaise presse et il est de moyennement bon ton lâcher au beau milieu d'un déjeuner de famille : "Mais oui grand-maman, je vénère quotidiennement Cerridwen, j'ai même un autel un autel à la maison qui lui est dédié".

Mais pourquoi au fait ?

Souvenez vous de vos cours d'histoire en 6e, de votre cours sur les grecs ou sur les égyptiens, de leur panthéon que l'ont vous présentait comme une galerie de curiosités ultra ludique ("et ce dieu là, il avait une tête de chacal !" - "Ohhhh !"). Ils étaient drôle ces peuples archaïques ! Mais pas très fut-fut quand même... Et dire qu'il n'ont rien trouvé de mieux pour expliquer la foudre que d'imaginer un vieux barbu bougon perché en haut d'une montagne... Fort heureusement, la philosophie est née, Descartes est arrivé (sans se presser), et l'on s'est ENFIN mis à réfléchir comme des gens censés...

Erreur.
On a longtemps considéré que l'avènement de la philosophie était caractérisé par l'abandon du mythe au profit de la raison. Cette assertion est fausse, pour deux raison.
  • Premièrement, le mythe n'a pas disparu de la pensée philosophique, on le retrouve chez Platon, qui parsemait ses dialogues de mythes inventés de toute pièce par lui-même, mais aussi chez des auteurs modernes ou même contemporains (Leibniz, Freud, Quine,...)
  • Deuxièmement, opposer d'une telle manière mythe et raison sous-entend que le mythe relève de l'irrationnel. Une telle supposition découle d'une conception étroite de la rationalité, telle qu'elle s'est peu à peu imposée en Occident. Or, dès le XXe siècle et grâce à l'affirmation de nouvelles disciplines telles que l'anthropologie et de la philologie, des chercheurs vont montrer que le mythe relève d'une forme de rationalité. Un rationalité différente de la notre, mais rationalité tout de même, organisée par un ensemble de règles et une logique rigoureuse.
Des penseurs issus de l'école structuraliste tels que Jean-Pierre Vernant ou Claude Levi-Strauss vont chercher à repérer et à analyser les structures inhérentes aux mythes.

Il apparait que la logique du mythe, contrairement à celle par laquelle nous sommes régis aujourd'hui, n'est pas une logique binaire (deux termes opposés tels que "bien" et "mal"), mais une logique ambivalente (fondée sur le principe de complémentarité des opposés, cf. le ying et le yang).

"C'est bien beau tout ça, mais est-ce qu'ils y croyaient vraiment ?"

La naissance de Vénus, Botticelli (d'après la Théogonie d'Hésiode)


Probablement que non. Au début de sa Théogonie (récit de l'origine des dieux), le poète grec Hésiode (VIIIe-VIIe siècle avant notre ère) fait dire aux Muses dont il se dit inspiré : "Nous savons dire des mensonges semblables à des réalités, mais quand nous le voulons, nous savons faire entendre des vérités".

Comment comprendre cette phrase ? Selon Lambros Couloubaritsis, Hésiode avertit son lecteur que le mythe qu'il s'apprête à exposer ne doit pas être compris littéralement, et que la vérité sous-jacente au texte a subi une distorsion. Pourquoi ?

Toujours d'après Lambros Couloubaritsis, "un mythe est un discours complexe à propos d'une réalité complexe où s'enchevêtrent le visible et l'invisible, et qui se déploie selon une logique qui lui est propre en fonction d'un schème transcendantal qui unifie l'expérience. En clair : la mythe à pour fonction de parler de ce qui nous échappe, d'une réalité dont on ne peut faire l'expérience. Comment parler de ce qu'on ne peut connaitre ? Grâce l'implémentation d'un schème, une image issue de l'expérience la plus familière possible à l'homme, qu'il projette sur une réalité abstraite afin de la comprendre.

A l'aide de schèmes (tels que la parenté, la violence ou l'amour), et grâce à la logique de l'ambivalence (qui implique un idée d'équilibre, de complémentarité), il est alors possible de donner à l'homme un aperçu de ce qui lui échappe et de l'organiser de manière intelligible.

Cette notion d'ordre a des implications pratiques : c'est grâce à cela que l'homme peut se situer dans le monde, et tenter d'agir sur le réel, par le biais de rites ou de prières. En plus d'élargir les possibilités d'expérience, le mythe véhicule également des préceptes d'ordre moral.

Pourquoi le mythe a-t-il perdu sa prédominance dans le discours ? Sans doute à cause de la distortion fondamentale dont il faisait l'objet. Pourquoi faire compliqué lorsqu'on peut faire simple ?

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Je reste intimement persuadée que le mythe est indispensable à l'appréhension du monde : malgré l'avancée de la science, il reste un tension entre visible et invisible qu'on ne peut balayer d'un geste de la main sous prétexte que "la science ne l'a pas prouvé". Comprendre le monde, c'est aussi comprendre qu'il y a des choses que l'on ne comprend pas.

mardi 18 janvier 2011

Musique païenne

Deuxième post de la journée. Que voulez-vous, c'est toujours lorsqu'on a des tonnes de choses importantes à faire qu'on trouve le temps d'écrire (en l’occurrence, j'ai un examen d'histoire à réviser pour demain).

J'ai eu envie de partager une petite sélection de chansons qui m'aident à méditer, à m’imprégner des énergies dégagées par le temps qu'il fait, les saisons, ou la nature en général.


Inutile de trop m'étendre, je vous présente ma playlist "Pagan Mood" du moment :

  • Joanna Newsom, '81 (Have One On Me - 2010)


Magnifique chanson aux sonorités celtiques, qui m'évoque la fin de l'hiver.
Joanna Newsom est originaire de San Francisco, harpiste et auteur-compositeur-interprète. Si vous aimez son style, je vous recommande chaudement son avant dernier album, Ys.

  • Agnes Obel, Riverside (Philarmonics, 2010)

Mon dernier coup de coeur. Agnes Obel est danoise, et Riverside est le premier extrait de son premier album.

  • Florence + the Machine, Rabbit Heart (Lungs, 2009)

Autant je n'ai pas d'affinité avec la Déesse, autant je ne peux m'empêcher d'écouter cette chanson sans penser à Elle. Parfois, je me dis que j'aimerai la sentir comme d'autres païennes le font, mais je n'y parviens pas. Grâce à cette chanson, j'ai pourtant la sensation de comprendre ce que cela fait.

  • Florence + the Machine, Cosmic Love (Lungs, 2009)


Peut être pas la meilleure de l'album, mais essayez de rester de marbre en écoutant cette chanson au début de l'automne.

lundi 17 janvier 2011

Imbolc m'appelle (enfin, je crois...)

Oui je sais, Imbolc aura lieu dans plus de deux semaines, mais depuis quelques jours, je sens un vent de renouveau. Les odeurs changent, je me sens emplie d'une joie d'origine inconnue qui me fait me sentir un peu mièvre et en même temps me procure une agréable sensation de renaissance. J'ai envie de neuf, j'ai envie de projets et de pages à tourner.
J'ai même envie de me lancer dans des envolées lyriques pleines de métaphores impliquant des bourgeons, des petits oiseaux et des papillons, mais ça ferait un peu too much et je n'en suis pas encore là (je garde ça pour Ostara, mais chut, ne le dites à aucunes de mes connaissances un peu cynique, qui se foutraient grassement de moi s'ils le savaient).

Du coup, je ressens le besoin de revenir en ces lieux pour canaliser cette soif de sacré qui s'empare de moi lorsque la Roue tourne.

Depuis septembre, j'ai l'impression d'avoir franchi beaucoup d'étapes et d'avoir vécu beaucoup de choses, des bonnes et des mauvaises.
  • J'ai été initiée (de manière profane, certes, mais j'ai appris beaucoup de choses au cours du processus).
  • J'ai perdu mon grand-père (non, pas dans les bois, et je ne suis même pas certaine qu'il aurait préféré).
  • J'ai fait le ménage dans mes conceptions religieuses, j'ai remplacé des concepts par d'autres, j'ai fait des liens avec beaucoup de philosophes (mes études m'aident dans ma pratique, le pied !)
  • J'ai mis pleins de projets artistiques sur le grill.

Bref, il y a matière à article, où je ne m'y connait pas (sauf peut être pour le deuil, je n'ai pas envie d'y penser pour le moment, et encore moins d'écrire à ce sujet...).

Conclusion : I'll be back.