samedi 28 mai 2011

Mythe et réalité

Il y a quelques mois, je vous avais fait part de mes sentiments à l'égard des mythes.
J'avais surtout insisté sur leur aspect rationnel, en dépit de tout ce qu'on a pu nous dire à l'école : les mythes ne sont pas que de jolies histoires destinées à rassurer les peuples "primitifs" qui ne disposaient pas encore de la science, ils sont aussi des discours complexes, visant à mettre des mots sur l'inexplicable à l'aide d'une rationalité qui leur est propre.
Les mythes sont une voie d’accès au divin, j'en suis convaincue.



J'ai pourtant l'impression de ne pas avoir exploré toutes les facettes du problème. Bon, ok, pour explorer "toutes" les facettes, il aurait fallu que je ponde une thèse de dix-mille pages qui m'aurait demandé 20 ans de recherches, ce qui est totalement hors de ma portée.

Mais en me promenant sur la toile, je me suis rendue compte que je n'étais pas totalement d'accord avec un bon nombre de neo-païens/wiccans ecclectiques/sorcières (rayez la mention inutile) en ce qui concerne l'interprétation des mythes.
J'ai conscience que je vais peut être me fâcher avec les trois-quart des gens qui me lisent ici, mais tant pis, j'ose quand même : je ne crois pas que les mythes soient vrais et je ne crois pas aux dieux et aux déesses qu'ils décrivent.

Ce n'est pas de la provocation gratuite, ne m'envoyez pas au bûcher tout de suite. Qu'est ce que je veux dire par "ne pas croire" ? Eh bien, je veux dire que je ne crois pas qu'une entité spirituelle appelée Isis, Perséphone ou Cernunnos se balade au dessus de nos tête, à l'affut des prières des hommes et des femmes qui lui vouent un culte. Ce en quoi je crois par contre, c'est ce qu'ils représentent : les forces, les dynamiques, les concepts auxquels on a attribué une représentation anthropomorphique.

Je ne dis pas que prier Isis, Perséphone ou Cernunnos n'a pas de sens, bien au contraire : les dieux et déesses sont des représentations culturelles et mythiques qui nous sont familières, qui véhiculent des concepts forts et qui n'ont pas besoin d'être intellectualisées pour être comprises. Elles ont du sens pour certains d'entre nous, et c'est tout ce qui compte.

Avoir un lien particulier avec un dieu ou une déesse ? Pourquoi pas ! C'est une idée intéressante que de se lier avec un aspect de la vie particulier, que de se fondre dans une culture, que de faire jouer son imaginaire et ses sentiments profonds sans se sentir obliger de se livrer à une analyse "crue" qui abimerait l'aspect mystique des choses.

Si "tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles", alors pourquoi est-ce que je la ramène à ce sujet ? Parce que je suis mal à l'aise à chaque fois que je lis une discussion qui tourne à la joute idéologique au sujet d'un dieu ou d'une déesse, avec des gens qui deviennent aussi tatillons que des juges d'un tribunal d'inquisition. Comme si le sous-titre de leur conversation était "on ne pense pas les dieux comme ça".
Ça n'a juste aucun sens pour moi. Bien sur, on peut débattre des composantes culturelles et historiques des dieux : dire qu'Athéna était la déesse de la beauté chez les Egyptiens au Xe siècle avant J.C. est une aberration, on est d'accord, mais ce sont plus des débats d'historiens que des débats de croyants pour moi.

Ça me met peut être aussi mal à l'aise, parce que je suis fatiguée d'être considérée comme une nunuche crédule dès que je parle de ma spiritualité... J'ai conscience que dans toute conception religieuse, il y a une part de mystique, d’inexplicable, de non-rationnel... Je respecte ça, chacun place le mystique où il l'entend. Mais il se trouve que moi, je ne le met pas là.

Ce qui ne m'empêche pas de me référer aux dieux dans ma pratique ! Peut être pas d'une manière "classique", certes, mais je n'ai pas l'impression que cela contredise mon besoin de rationnel ("mes" déesses "existent", mais seulement dans ma tête et dans mon cœur, ce qui me suffit amplement en fait ^^)

Comme d'habitude, je voulais faire une petite introduction de rien du tout pour parler d'autre chose, et je me suis étalée. Du coup, je reporte mon propos initial dans un autre article : le mythe d'Eros chez Platon (nannn ne partez pas, je vous jure que c'est intéressant ^^)



Crédit photo : "Myth" de Kristy Bowen.

dimanche 22 mai 2011

Madeleine de Proust...

Alors que je fouillais dans mes vieilles affaires (les vraiment vieilles, celles qui se cachent dans des cartons au fin fond de ma buanderie et auxquelles je n'ai pas touché depuis des années), je suis tombée sur une vieille collection de cartes à jouer qui a fait ressurgir pleins de souvenirs.

Lorsque j'avais une dizaine d'années, la grande mode dans ma cour de récré s'appelait "Deus" : un jeu de carte à collectionner ayant pour thème la mythologie de plusieurs civilisations : grecque, indienne, inca, celte, nordique,...
La plupart des cartes représentaient un dieu ou une déesse, avec une petite description et un degré de force. Les autres montraient des sacrifices, des rats grouillants, des têtes coupés, et tout un tas d'autres réjouissances. Le tout avec des dessin au mieux, de très mauvais gout, au pire, totalement gore.

Avec le recul, je me rends compte à quel point ce jeu était affreux. Les dieux ressemblent à des champions de body-building très en colère, et les déesses font penser à des actrices porno. La grande classe ^^'




Oui, c'était un petit peu violent comme conception des dieux ^^ Peu de filles s'intéressaient à ce jeu, je crois même que j'étais la seule dans ma classe.

C'est a peu près à cette période que j'ai commencé à m'avaler des livres de mythologie comme des berlingots, ce qui m'est finalement d'une grande utilité aujourd'hui.

Je me suis souvenue des déesses que je préférais lorsque j'étais petite, celles que j’incarnais lorsque nous jouions "aux dieux" avec mes camarades de classe : Frigg, Mama Cocha (déesse inca de la mer), Pukkeenegak (déesse nourricière chez les inuit), Hina (déesse maori de la lune)... Je suis contente de les avoir retrouvées, ces déesses que j'avais oublié...

En retrouvant cette collection, j'ai aussi compris pourquoi, même aujourd'hui, je suis très mal à l'aise à l'idée de travailler un jour avec Kali. Visez un peu l'image qui a dû s'imprimer en moi :


Ça explique beaucoup de choses. Finalement, ce jeu m'a peut être plus marqué que je ne le croyais.

vendredi 20 mai 2011

[Livre] Dianne Sylvan - The Circle Within

Voici le compte rendu d'une lecture qui m'a vraiment emballée, posté initialement sur le forum de la Ligue Wiccane Eclectique. Je me permet de la reproduire ici, et au passage d'inaugurer une nouvelle section "Livre" pour causer de mes coups de cœurs littéraire.

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Découvert il y a quelques jours, The Circle Within de Dianne Sylvan est un livre qui m'a beaucoup plu, et que j'aimerai vous présenter ici.



Voici la quatrième de couverture :

«  You've read the books, assembled the tools, celebrated full moons, and attended public sabbat rituals. You're Wiccan – but are you really living and breathing your spirituality ? Being Wiccan means walking the path twenty-four hours a day, seven days a week – not just on full moons and sabbats.

The Circle Within is your guide to creating a personal spiritual practice for daily life. The first section is a thoughtful examination of Wiccan ethics and philosophy that explores how to truly live Wicca. The second section includes devotional prayers and rituals that provide inspiration for group or solitary practice.

Topics in this Wicca book include: cultivating an ongoing personal relationship with deity, ethics and standards of behavior, concepts of sacred space, elements of a daily practice, tuning into the Wheel of the Year and the elements, and creating meaningful personal Pagan rituals.

Move beyond the basics of Wicca and enter the sacred space of the circle within. »


Si vous trouvez que la description sonne un peu extrémiste, ne vous inquiétez pas, j'ai ressenti la même chose. Je me suis tout d'abord demandé qui était cette bonne femme qui prétendait m'expliquer quelle est la bonne façon de pratiquer ma « religion » (parce que bon, faut pas exagérer, si j'avais envie d'une religion qui me dise comment agir à la minute près, je ne serais probablement pas ici à vous parler).

Au fil de ma lecture, je me suis rendue compte que la description était assez trompeuse : Dianne Sylvan n'impose rien, elle offre des pistes de réflexion, voilà tout. Que signifie « être Wiccan » ? Quelle est la nature de la relation que nous entretenons avec le Divin ? Quelle éthique sous-tend notre pratique ? Autant de questions que ce livre soulève et auxquelles l'auteur tente de répondre, sans toutefois être dogmatique.

Car ce qui est sans doute le plus intéressant dans ce livre, ce ne sont pas les début de réponses données mais la démarche de l'auteur, à la fois lucide et curieuse, exigeante aussi, mais pleine de sens.

Une partie assez conséquente du livre est dédiée à la pratique quotidienne et à la prière. A la base, je ne suis pas une grande fan de prière, sans doute parce que je suis une affreuse cynique et/ou rationaliste qui n'aime pas trop l'idée de causer avec les forces de la natures comme avec mes voisins de palier. Mais après la lecture de ce livre, je suis tentée de changer d'avis : peut-être parce que l'auteur en parle comme d'une chose très naturelle, pas du tout « forcée », peut être aussi parce que l'intelligence de son propos m'ont aidé à dépasser certains doutes...
Le dernier chapitre du livre propose d'ailleurs un certain nombre de prières et dévotions : je ne sais pas si je m'en servirai un jour (et pourquoi pas après tout ?), mais elles ont le mérite d'être joliment écrites.

Dernier détail, mais non des moindres : ce livre est très agréable à lire. On l'impression d'assister à une réflexion ininterrompue faite à haute voix, et pas du tout à un monologue pompeux. Le style est familier, frais, drôle parfois.

En conclusion, comme vous pouvez vous en douter, j'ai aimé ce livre. Bien sur, tout n'est pas parfait, et tout n'est pas à prendre au pied de la lettre (comme dans n'importe quel livre en fait) : Dianne Sylvan est un peu réac' sur les bords (moi ça me fait rire personnellement), assez critique, très (trop?) exigeante. Elle exagère un peu parfois, mais ça ne suffit pas à enlever ses qualités au livre.
 

Tous en coeur : "Je ne procrastinerai plus !"

Je réalise tous les jours un peu plus à quel point je suis une mauvais blogueuse.
Des mois sans mettre les pieds ici, sans écrire le moindre article, sans donner signe de vie...
Pourtant je suis bel et bien vivante, et ce n'est pas vraiment les choses à raconter qui manquent.
Et le plus beau : devinez ce qui m'a finalement décidé à ramener mes fesses ici ? La... procrastination, exactement !

Mon premier examen a lieu mardi prochain : c'est donc pile le bon timing pour me remettre à écrire sur mon blog !


Que s'est-il passé depuis le dernier épisode ?

  • Je me suis tenue à mon programme de remise en forme spirituel dont j'ai parlé dans mon dernier article (si, c'est vrai !) : méditations, lâcher prise, exercices (merci Starhawk)... J'ai l'impression que tout ça a porté ses fruits : je me sens beaucoup plus sereine spirituellement parlant, et mon jacassement métaphysique incessant s'est calmé.
  • Je me suis mise à bricoler des tas de choses de mes blanches mains. Le résultat est loin d'être prodigieux, mais je trouve ça très agréable, surtout que j'ai habituellement beaucoup de mal à créer quelque chose sans m'arrêter en plein milieu en m'écriant "mais c'est MAUVAIS !". Bref, ça me fait du bien, et c'est l'essentiel.

Et je vais arrêter de spoiler plus le compte rendu de ma vie fascinante, histoire d'en garder un peu pour d'hypothétiques prochains articles ^^